Les insectes Xylophages : un danger pour le patrimoine bâti
Les insectes xylophages se sont adaptés à la vie aux dépens des arbres morts, certains s’installent sur ceux restés sur pied, d’autres dans les branches tombées et desséchées, d’autres enfin dans les troncs pourris et humides.
Ces insectes ont donc suivi tout naturellement le bois d’œuvre destiné aux outils et à la construction, lorsque l’homme a commencé à exploiter ce matériau en abattant les arbres des forêts. Sauf exception, ce sont les stades larvaires qui rongent le bois. Les adultes sortent seulement durant un bref laps de temps, plutôt en été.
Le développement larvaire est généralement long car le bois est assez pauvre sur le plan énergétique (riche en cellulose et lignine).
La grande majorité des insectes xylophages appartiennent à l’ordre des Coléoptères mais d’autres espèces peuvent être à l’origine de dégâts sur le bois œuvré.
- Fourmis (Fourmi charpentière, fourmi brune, fourmis jaunes)
- Lépidoptères (Pyrales des bourdons, Teigne des semences)
- Isoptères (Termites)
- Quelques hyménoptères (Sirex commun, Sirex géant)
- Cloportes (Crustacés terrestres)
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Nuisances : risques et dangers pour l’habitat et l’homme
Outre les dommages matériels, la présence d’insectes xylophages nuit à la sécurité du bâtiment à long terme.
De plus, la poussière de bois créée par l’activité de ces insectes xylophages représente un facteur aggravant pour les personnes souffrant d’allergies ou d’une sensibilité pulmonaire.
Nous verrons dans cet article comment reconnaitre les insectes Xylophages.
Comment reconnaître les insectes Xylophages ?
Focus sur quelques espèces.
Il existe de nombreuses espèces d’insectes Xylophages mais quelques espèces présentent vraiment un intérêt pour notre secteur d’activité :
- La Vrillette commune (1)
- La Grande Vrillette (2)
- Le Capricorne des maisons (3)
- Le Lyctus brun (4)
- Les termites : termites à cou jaune (Kalotermes flavicollis) et les Termites lucifuges (Reticulitermes lucifugus)
Les Coléoptères Xylophages ont un développement lent (nombreuses mues larvaires : Jusqu’à 19 pour certaines espèces).
Les différents insectes Xylophages
- Vrillette du bois
Les adultes apparaissent en été, après avoir foré un trou circulaire (avec présence de sciure). L’accouplement a lieu peu après la sortie des adultes. Les femelles pondent une cinquantaine d’œufs dans les fissures du bois ou dans les anciennes galeries. La température optimale est de 22 à 23 °Celsius pour cette espèce mais elle peut se contenter de températures plus faibles et prospérer à l’extérieur. La croissance larvaire s’arrête pour des températures inférieures à 11°Celsius. La Vrillette commune préfère les bois possédant au minimum une humidité de 30%.
Orifice de sortie des adultes : Circulaires avec diamètre de 1,5 à 2 mm.
Préfère les essences tendres. N’attaque pas les arbres sains.
Les galeries larvaires sont pleines de sciure de couleur jaune claire.
- La Grande Vrillette
La femelle après l’accouplement qui se déroule en avril-mai dépose jusqu’à 50 œufs sur le bois. Le développement larvaire est très long : de 5 à 10 ans en fonction de l’essence de bois et en fonction des conditions environnementales.
Les orifices de sortie de cette espèce sont circulaires, avec un diamètre de 3 à 4 mm. La sciure de forage, très poudreuse, reste dans les galeries.
La Grande Vrillette attaque uniquement le bois déjà abîmé par la pourriture. Les bois d’œuvre, dans les colombages, les charpentes et les constructions navales, ayant subi l’atteinte de l’humidité, peuvent être totalement détruits.
- Le Capricorne des maisons
Les femelles pondent jusqu’ à 400 œufs dans les crevasses et les anfractuosités profondes du bois. Éclosion au bout de quelques semaines et s’enfoncent dans le bois, où elles vivent plusieurs années.
La durée du développement dépend de plusieurs facteurs : la température et la valeur nutritive du bois.
Sous nos climats, le durée du développement est de 3 à 10 ans.
Les adultes se rencontrent de mai à novembre, mais surtout de juin à août.
Xylophage de bois résineux (strict).
Les trous d’envol (de sortie) sont ovalaires de 6 à 10 mm de diamètre avec des bords irréguliers.
Cette espèce a besoin d’une température élevée pour se développer (25 ° Celsius). Les larves peuvent en fin de développement faire un bruit distinct audible pour l’homme !
- Le Lyctus Brun
On aperçoit les adultes aux beaux jours entre le mois d’avril et septembre. Sa durée de vie oscille entre 8 et 12 mois. Les femelles pondent jusqu’à 50 œufs dans les pores du bois scié. Le développement larvaire dure en général un an mais il peut être plus long lorsque le bois n’est pas assez nutritif.
Cette espèce montre un appétit particulier pour les bois riches en amidon tels que le châtaignier, le frêne ou encore le chêne. Il apprécie également tous les bois tropicaux feuillus. Cette espèce est souvent introduite dans le bois importé du sud, dans les parquets notamment.
Espèce très commune à l’intérieur des habitations.
Trou d’envol de 1 à 2 mm.
Vermoulure : aspect « Fleur de farine ».
- Les Termites
Les termites vivent en castes : reproducteurs, ouvriers, soldats. Leur habitat naturel est la forêt où ils participent activement à la dégradation des matières végétales mortes.
Les termites vivent dans le sol : les ouvriers passent leur temps à chercher la moindre trace de bois ou tout autre élément contenant de la cellulose.
Pour atteindre cette nourriture, les termites peuvent dégrader de nombreux autres matériaux : plastique, gaine, isolants.
Les termites atteignent les habitations par 3 grandes actions :
- Apport de bois infesté aux abords des maisons
- Développement de racines proches des maisons
- Essaimage (termites volantes)
La digestion du bois est assurée par des protozoaires hébergés dans le tube digestif des ouvriers.
Les termites dégradent toutes les essences de bois à l’exception de certaines essences de bois tropicales particulièrement dures.
Deux espèces majoritaires en France :
- Termite à cou jaune (Kalotermes flavicollis) → largement répandu dans le sud, principalement près des côtes.
- Termite lucifuge (Reticulitermes lucifugus)
En France, on recense 55 départements touchés par l’infestation de termites. On retrouve principalement ces insectes dans les zones du Sud-Ouest de la France, mais également sur la Côte Atlantique et Méditerranéenne, à la limite de la Vallée du Rhône, de la Garonne et de la Loire, ainsi que en Ile-de-France.
Pour le diagnostic, il s’agit de réaliser une inspection visuelle sérieuse afin d’identifier la présence des insectes xylophages et de localiser les zones insectes en recherchant les indices de leurs présences : sciures, trous de sortie des adultes, insectes adultes vivants ou morts.
Type de vermoulure en fonction des espèces de Xylophages :
Méthodes de traitements pour les insectes à larves Xylophages (Coléoptères)
Il existe deux techniques parfois complémentaires :
- Pulvérisation de surface des bois infestés avec un produit biocide
- Injection de produit biocide (traitement en profondeur)
Il est indispensable pour la réussite du traitement de réaliser des travaux préparatoires :
- Sondage mécanique de tous les bois
- Bûchage des parties vermoulues
- Brossage et dépoussiérage des galeries apparentes et de l’ensemble de la surface des bois
Traitement en profondeur (par injection) en trois étapes :
- Forage de puits d’injection (densité des puits d’injection variable en fonction des essences)
- Mise en place des injecteurs
- Injection de produits biocides
Traitement des termites : 2 techniques pour gérer les bâtiments infestés
Barrière chimique : technique de plus de 50 ans d’existence qui consiste à mettre en œuvre des barrières d’injection de produits biocides au niveau des maçonneries, bois de structure et autres bois. Il s’agit d’une approche de traitement immédiate (environ 20% des chantiers).
Cette technique connaît des évolutions profondes liées à la réglementation qui encadre les produits biocides (règlement Biocide) et leurs usages : par exemple, les traitements de sols (extérieurs et/ou intérieurs) sont des usages aujourd’hui non autorisés.
Pièges-appâts : technique de plus de 20 ans d’existence qui consiste à mettre en place des stations (pièges) sur l’ensemble de la périmétrie du bâtiment à protéger, ainsi que sur les traces de passage de termites.
Le principe est de pouvoir se connecter avec la colonie présente via les ouvriers et d’intoxiquer progressivement l’ensemble de la colonie. Il s’agit d’une approche nécessitant un suivi du site sur plusieurs mois par l’entreprise spécialisée de façon à évaluer l’état d’intoxication de la colonie et l’évolution de l’infestation.
Cette dernière technique peut également être utilisée dans le cas d’un traitement de terrain à condition que l’AMM (autorisation de mise sur le marché) du produit utilisé le prévoit.
Il existe d’autres techniques pour gérer les infestations d’insectes xylophages :
- Traitement par anoxie : méthode réservée au monde de l’art pour traiter les œuvres infestées
- Traitement thermique : méthode efficace mais à condition de respecter des valeurs de températures et des durées d’exposition minimales
- Par le froid : – 30 °Celsius pendant une semaine
- Par la chaleur : minimum 55° Celsius pendant une heure au cœur du bois
Quelques mesures préventives utiles pour une gestion optimale des insectes xylophages :
- Contrôler l’humidité dans votre logement
- Utiliser du bois traité contre les nuisibles en général
- Inspecter régulièrement les structures en bois